SOUDAN - Actualité (1990-1996)

SOUDAN - Actualité (1990-1996)
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République du Soudan

Politique intérieure

Le 23 avril 1990, le général Omar Hassan el-Béchir déjoue un putsch organisé par de jeunes militaires et des officiers à la retraite. Le lendemain, 28 officiers sont exécutés.

Le 30 juin, la junte militaire précise son orientation politique en mobilisant à Khartoum plusieurs centaines de milliers de manifestants qui réclament la mise en application immédiate de la charia, la loi islamique.

À partir du 25 juillet 1993, les combats s’intensifient entre les troupes gouvernementales et les forces rebelles de l’Armée populaire de libération du Soudan (A.P.L.S.), provoquant l’évacuation de plus de 100 000 civils.

Le 23 octobre, le Conseil de commandement de la révolution (C.C.R.), l’instance dirigeante dominée par le Front national islamique (F.N.I.) de cheikh Hassan el-Tourabi, s’autodissout. Il a nommé son chef, le général Omar Hassan el-Béchir, président de la République. Ces décisions font suite à des manifestations populaires particulièrement intenses à El-Obeid, Omdurman, Wad Madani. Le C.C.R. a prévu par décret des élections présidentielle et législatives, sans en préciser la date.

En février 1994, le gouvernement lance une nouvelle offensive contre la rébellion dans le Sud. Le 17 mars, le gouvernement et l’A.P.L.S. se déclarent disposés à engager des pourparlers de paix.

En février 1995, un second remaniement ministériel, après celui de juillet 1994, vient confirmer la mainmise des islamistes sur le gouvernement.

Du 6 au 17 mars 1996 se déroulent les élections présidentielle et législatives. Le général Omar Hassan el-Béchir, au pouvoir depuis son coup d’État de juin 1989, est élu avec plus de 75 p. 100 des suffrages.

Le 1er avril, le nouveau Parlement, qui remplace l’Assemblée de transition nommée en 1989, désigne à sa présidence Hassan el-Tourabi, homme fort du régime.

Vie économique

En 1990, le pays est affecté, pour la deuxième année consécutive, par de mauvaises récoltes.

Le gouvernement décide à la mi-août d’abolir toute forme d’intérêt dans les transactions bancaires, conformément au système financier islamique. Son programme, qui s’étend sur 3 ans, comprend la vente des entreprises publiques déficitaires, la suppression des subventions et la dérégulation des prix.

En 1991, le gouvernement prend des mesures d’austérité. Les prix des denrées de première nécessité augmentent fortement, affectant la population.

En 1992, en l’absence d’aide extérieure, le programme de réformes économiques n’atténue pas les difficultés procédant autant de la mauvaise gestion que de la guerre civile menée dans le Sud.

Le contrôle des changes est libéralisé. Le 18 mai, une nouvelle monnaie est créée, le dinar.

En 1993, les pénuries s’aggravent et les relations avec les institutions financières internationales se dégradent fortement.

En 1994, le Soudan normalise ses relations avec le F.M.I. qui avait suspendu son assistance financière en 1984. Il accepte d’entreprendre un vaste programme de réformes en contrepartie d’un rééchelonnement de sa dette.

En 1995, Khartoum signe avec le F.M.I. une lettre d’intention par laquelle il s’engage à privatiser les entreprises publiques déficitaires, à supprimer les subventions aux produits de consommation et à laisser flotter la monnaie nationale. La dette extérieure, dont le Soudan doit reprendre le remboursement, s’élève à 18,7 milliards de dollars. La guerre continue de grever le budget.

En 1996, l’expulsion de nombreux Soudanais qui travaillaient en Libye, en Égypte et dans les pays du Golfe provoque un tarissement des ressources en devises étrangères. L’isolement diplomatique du Soudan contribue à l’aggravation de ses problèmes économiques. Le mécontentement croît dans la population.

Relations internationales

En 1991, le Soudan se range du côté de l’Irak pendant la crise du Golfe, ce qui lui aliène l’aide occidentale.

Le 27 avril 1993, les États-Unis, l’Italie, le Soudan et l’Égypte sont les premiers pays à reconnaître l’Érythrée comme nation souveraine.

Le 1er avril 1994, les États-Unis, par l’intermédiaire de leur ambassadeur à l’O.N.U., lancent un avertissement au Soudan concernant les droits de l’homme dans la guerre civile au Sud et son soutien au terrorisme.

Le 14 août, le terroriste vénézuélien Illitch Ramirez Sanchez, alias Carlos, est arrêté à Khartoum et remis, le lendemain, aux autorités françaises. Carlos est le responsable présumé de nombreux attentats liés pour la plupart au conflit du Proche-Orient et commis en Europe occidentale dans les années 1970 et 1980.

En décembre, l’Érythrée rompt ses relations diplomatiques avec Khartoum en raison de l’aide apportée par le Soudan aux islamistes érythréens.

Du 30 mars au 2 avril 1995, la Conférence populaire arabe et islamique, qui réunit à Khartoum les représentants de 80 pays et organisations sous l’égide de Hassan el-Tourabi, met en lumière l’hétérogénéité de la mouvance islamiste. La déclaration finale, qui reflète la volonté de la majorité de privilégier l’image d’un islam modéré, est rejetée par les plus radicaux.

En avril, l’Ouganda, qui soupçonne le Soudan de soutenir certains opposants, rompt à son tour ses relations diplomatiques.

Le 26 juin, le président égyptien Hosni Moubarak échappe à un attentat, à Addis-Abeba, en Éthiopie. Le Caire met en cause les extrémistes islamistes et n’exclut pas que le Soudan, considéré comme leur principal soutien, et notamment l’éminence grise du régime de Khartoum, Hassan el-Tourabi, soient à l’origine de l’attentat. La tension entre les 2 pays se traduit par un incident frontalier, le 27. Le 4 juillet, la Jamaa Islamiya revendique l’attentat.

Le 31 janvier 1996, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. adopte à l’unanimité la résolution 1044 qui accuse le Soudan de «soutenir et faciliter des activités terroristes» et le somme d’extrader vers l’Éthiopie 3 islamistes soupçonnés d’avoir tenté d’assassiner le président égyptien Hosni Moubarak, à Addis-Abeba, en juin 1995. Quelques heures plus tard, les États-Unis annoncent le rappel de leur personnel diplomatique en poste à Khartoum et la suspension de leurs relations avec le Soudan.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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